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Autopsie d'une ombre

18 août 2017

 

 

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21 mai 2017

Avec cette autopsie, l'énigme de Tournant

Avec cette autopsie, l'énigme de Tournant casse-tête est enfin résolue !

24 août 2016

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15 août 2016

© autopsie d'une ombre | 2016 | Tous droits

 


© autopsie d'une ombre | 2016 | Tous droits réservés | François Ménard



Comme la convention le stipule, et ce, en tant qu'auteur, je me dois de mettre à disposition les coordonnées de l'éditeur ayant publié ces ouvrages. Mais suite à un conflit entre les deux parties, il m'est formellement impossible de continuer de faire confiance à ce monsieur pour assurer la vente de mes livres - les prémices à cette raison se trouvent dans le premier livre :
Tournant casse-tête mais toutefois si vous ne veniez qu'à désirer des renseignements au regard de l'association éditrice de ces deux ouvrages, je serais à même de vous répondre.

10 août 2016

extrait du chapitre 3, page 56 de "Tournant

extrait du chapitre 3, page 56 de "Tournant casse-tête" en parlant du manuscrit que j'écrivais avant le 28 mai 2000 :

« Ce roman sortant de mon imaginaire est cependant à très forte connotation autobiographique. Je projette de lui donner comme titre "L'autopsie d'une ombre" car j'ai la ferme intention de disséquer les ombres de ces différents "moi" ».

 

L'autopsie est faite !

Et comme le dit Maurice ferrand, elle (en parlant de l'autopsie) permet aux autres de découvrir ce qu'on n'a jamais pu voir en soi-même.

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1 juillet 2016

Autopsie d'une ombre Avant d'avoir un très grave

  Autopsie d'une ombre

  Avant d'avoir un très grave accident de voiture, j'écrivais déjà. Il s'agissait d'un roman qui n'avait rien d'autobiographique. Enfin jusqu'à ce que
  je rencontre 14 ans plus tard une jeune femme qui me fit prendre conscience que les pages de ce "pseudo brouillon" renfermaient l'ombre de l'énigme
  à résoudre ou plutôt la véritable clef du casse-tête.

couverture livre - Copie - Copie - Copie

 

et toujours disponible :         

 Tournant Casse-Tête 

  C'est la narration d'une jeunesse fauchée en une seconde et des années faites de réadaptation, avec des moments de doute, de peine et d'autres
 de satisfaction. Avec en l'occurence la résolution d'un autre improbable casse-tête à résoudre - 40 jours de coma, 4 microbres resistants,...-  derrière lequel se dissimulait déjà l'ombre d'un autre.

couverture tournant cassetete

 

 

30 juin 2016

Autopsie d'une ombre : chapitre 1

 

Il fait encore assez chaud, en ce début de soirée de juillet 2015. J'entrouvre la bais vitrée pour laisser l'air rafraichir le salon et je m'installe sur le fauteuil à bascule. La chaleur n'est encore pas celle du mois d'août, mais au deuxième étage où l'appartement se situe, il fait déjà chaud. Alors, je vais chercher une bière. Pourquoi vouloir toujours reprendre en sens inverse le fondement de mon malheur ? Peut-être pour n’en reconnaître que les bénéfices transmis ? Je crois que c'est surtout pour cesser de me lamenter ! Les feuilles blanches du prochain chapitre ne demandent qu'à s'écrire puisque celles-ci s'ouvrent sur le futur. Il est vain de m'entêter à transformer, invariablement, les précédentes pour essayer de réécrire plus adroitement le passé : c'est trop illusoire ! Néanmoins, pour la première fois, je me sens réellement triste ! Et ça n'a plus rien à voir avec ce passé-là, mais le fait de ne pas arriver à trouver les mots justes pour transcrire une telle manifestation de souffrance m'exaspère au plus haut point. J'ai comme une énorme envie de pleurer ! Peut-être est-ce parce que l'on ne pense vraiment qu'à soi quand on pleure ? Peut-être est-ce pour laisser agir le pouvoir thérapeutique des larmes intervenant sur la personne qui les déverse ? Pour la première fois de mes deux vies réunies, je me sens vraiment vulnérable.Si je ne fais rien, je ne vais pas tarder à tomber dans l'interstice de la plus béante des failles et je vais finir par en toucher le fond. Je viens enfin de comprendre que cette brisure, décelée quinze ans plus tôt par la psychologue du centre universitaire de Saint-Hilaire-du-Touvet en Isère, se trouve toujours là. Comme pour rappeler à ce nouveau « moi » qu'une immense partie de son ancienne personnalité hante toujours le sang de ses veines, la mémoire de son corps et l'esprit de sa chair. Je m'en veux terriblement de n'avoir pas su le déceler plus tôt ! Mais surtout, je m'en veux d'être retombé dans un tel piège. L'année et demie qui vient de se dérouler a été la plus merveilleuse de toutes ! Mais, encore une fois, j'ai pour seul regret de n'avoir su en profiter qu'à 50 %, car aujourd'hui, elle est révolue ! Et avec elle, la plus fabuleuse rencontre que j'ai faite depuis ces quinze dernières années, plonge également dans le passé. Quinze ans, comme la période qui m'a permis de réso

udre le casse-tête traumatique résultant d'un tournant mal négocié. Quinze ans, comme un cycle qui ne m'a pas vraiment laissé le choix : le combat à mener était tellement évident. Mais quinze ans également, comme l'intervalle de temps grâce auquel j'ai pris conscience et admis qu'un second tourment, plus enfoui et tout aussi complexe, se cachait encore dans les entrailles de ma chair. Comme si la mésaventure, datant de ces trois lustres, n'avait pas eu d’autre spécificité que d'être la source de déclenchement d'une bataille à livrer bien plus sournoise. Celle qui devrait, en théorie, me permettre de sortir victorieux de la guerre que se livrent toujours mes neurones. 

✲✲✲ 

À ce jour et en 35 ans d'existence, je n'ai jamais été pénétré par de telles sensations. Si les 590 jours qui viennent de s'achever pouvaient se renouveler, je plongerais la plume du stylo pour ne pas les réécrire à l'identique. Mais… en gardant tout ce qu'ils m'ont permis de comprendre et de mettre en place.

✲✲✲

 Il est 9h05, ce lundi 9 juillet, quand faisant face à l'écran de mon ordinateur, je découvre son message : 

« Je vais te gratifier d'un service que tu m'as souvent incité à te rendre. Je vais te redonner le livre que ta mère m'a prêté et ne plus jamais te revoir. Tu es libéré. » 

« Quel triste épilogue », me dis-je, écoeuré d'être encore victime de ces fausses croyances et toujours entêté à ce point. Mais a contrario, il se peut que ce soit « un mal pour un bien » qu'elle agisse de cette façon avec moi. En attendant, je suis intimement horrifié de constater, une fois de plus, l'incapacité avec laquelle je fais évoluer ma condition. Mon amie Sabine me fait le reproche d'être trop « auto centré ». Mais elle m'accuse surtout de ne pas vouloir entendre ce qu'elle répète depuis le premier jour, à savoir qu'aucune alchimie n'est opérante entre nous. Les sentiments que je crois ressentir à son égard ne sont qu'une vaine illusion projetée uniquement par ma cervelle, puisque de son côté, cette jeune femme ne cesse de dire qu'elle n'éprouve rien en retour. Pourtant, c'est bien grâce à elle que pour la première fois de cette existence, le sentiment unique d'avoir enfin mis le pied sur la bonne voie, ou plutôt sur la bonne route de vie, s'accapare de tout mon être. C'est grâce à elle que j'ai aussi retrouvé le sens inconditionnel de la satisfaction. Alors, le plus beau cadeau que je puisse lui faire, c'est de cesser de l'ennuyer. Car je me leurre en pensant qu'elle me quittera un jour. Elle est là et elle est même doublement revenue cette obstination à ne pas vouloir entendre raison. À ne pas vouloir entendre ce que Sabine me dit ! Sur une feuille, j'imprime le dernier message électronique qu'elle vient de m'envoyer. Et sous l'encadrement renfermant les mots de celui-ci, j'y ajoute deux indications. La première, c'est sa date de naissance. Et la seconde, c'est son numéro de téléphone portable. Enfin je procède pour la seconde fois en 18 mois à l'effacement de l'ensemble de ses données numériques, et ce, sur l'ensemble de mes appareils électroniques. Une bonne rasade de whisky me conditionne pour avaler l'amertume de cette pilule... ainsi « auto-administrée » !

1er août.  

Trois semaines se sont écoulées ; j’ai rendez-vous avec M. G., magnétiseur, dans son cabinet. J'ouvre la porte d'entrée et immédiatement sur ma gauche se trouve la salle d'attente. Face à moi, un long couloir blanc cassé mène jusqu'à celle de son cabinet. Alors je bifurque sur le coté, salue un couple présent, prends une revue et m'assois. J'ai quelques trois quarts d'heure à patienter. Treize ans que nous ne nous sommes pas vus. Notre dernière rencontre remonte à l'infection nosocomiale que j'avais contractée à l’hôpital de Dijon en 2002. Il l'avait éradiquée. Cette fois, personne ne m’accompagne jusqu'à son cabinet : j’ai pris cette décision de consultation, seul. J'ai établi « une petite liste » d'éléments qui, au sein de ma cervelle, ne tournent pas forcément en décrivant une orbite des plus circulaires. Primo, il faut qu'il m'aide à me libérer de ce fléau qu'est l'alcool, car dialoguer avec des personnes compétentes de l'association qui lutte contre les addictions et dont Sabine m'a donné le nom, ça ne me suffit pas. C'est quand j'en éprouve le besoin que je souhaiterais dialoguer du mal-être que je ressens. Et non, à 9 heures du matin comme me sont fixés ces rendez-vous. Deuxio, et même si je pense que cet état-là est intrinsèquement lié au premier, il faudrait qu’il agisse pour me libérer d'une certaine forme d'oppression résidant toujours en moi : je suis persuadé qu'une phase d’abattement me touche de plein fouet en ce moment et essentiellement depuis que je la connais, depuis qu'il m'est impossible de réaliser le montage de la séquence déjà projetée au sein de mes neurones. Tertio, je lui apporte le livre que j'ai écrit, car je tiens à le lui offrir comme je l'ai fait à mon ancien professeur de mathématiques de terminale.

Monsieur G., le magnétiseur, me reçoit. Je lui décris ces différents éléments symptomatiques. Il applique la paume de ses mains sur mon cuir chevelu. Une fois de plus, j'imagine qu'il lit à travers mes pensées. Alors, j'essaie de faire le vide dans mon esprit pour que rien ne les trahisse ! Il demeure dans cette position deux ou trois minutes, puis il me demande de me lever de la chaise et de regarder droit devant moi. Debout au milieu de la pièce, Monsieur G. se trouve à quelques mètres derrière mon dos. Je suis immobile. Je fais face en partie au mur bleu clair sur ma droite, et, à un petit meuble de type « présentoir » du XVIIIème, sur ma gauche. Il comporte plusieurs éléments : trois tiroirs forment la partie basse et au dessus, on retrouve deux grandes portes vitrées. D'un petit pas, je me déplace de ce côté-là pour faire face à l'une des plaques rectangulaires en verre placées sur ses vantaux. Ainsi je parviens avec quelques difficultés à distinguer le reflet un peu flou que celle-ci me renvoie du magnétiseur.

À ce moment précis, mes oreilles perçoivent le déplacement de la posture de son corps. Elles traduisent le fait que ce dernier se rapproche de la position où se trouve le mien, comme s'il voulait, par effet de surprise, en extirper quelque chose. Par miroitement, j'aperçois qu'il ne se tient plus qu'à un ou deux mètres de moi. La projection m'indique également qu'il conserve toujours les bras écartés, comme pour amortir une éventuelle culbute du poids de mon corps.

Soudain, d’une brutale et angoissante embardée vers l'arrière, Monsieur G. se retrouve littéralement éjecté par une force invisible ! Selon toute vraisemblance, celle-ci se serait échappée de mon corps. Par réverbération sur les vitres du meuble, je constate que ses bras sont toujours écartés, comme si la cause d'un tel mouvement, voulait attenter à la vie du magnétiseur. Ce recul s’arrête à quelques centimètres seulement du mur opposé à celui qui fait face à mon regard depuis le début ! C’est comme si celle-ci avait tenté de l'épingler ou de le clouer à sa paroi. Bizarrement, cette gestuelle m’interpelle. Mais d'emblée, je renonce à y croire : cela me semble tellement déraisonnable ! 

Selon toute vraisemblance, il se pourrait bien que Sabine ait réellement raison ! Selon elle, j'aurais de multiples similitudes avec un des personnages fantastiques appartenant à l'univers décalé du réalisateur de film Tim Burton, celui qui apparaît dans l'une de ses poésies, celle qui s'intitule « The Voodoo Girl » ! Selon Sabine, je m'apparenterais à cette fille ayant les traits d'une poupée vaudou. Dans son texte, l'auteur indique que celle-ci serait prisonnière d'un sort. Plus on se rapprocherait d'elle et plus les aiguilles qui sont piquées sur son corps en pénétreraient la chair.  

Même par analogie, il m’a fallu un certain temps, pour comprendre le rapport qu'elle y voyait. Qu'est-ce qui, selon elle, justifiait l'existence de tels traits de ressemblance entre cette figurine et l'être-humain que je suis ? Je me pose encore la question ! D'un coup, face au bois de ce meuble restauré, tout fini par s'éclairer !  

C'est la révélation !

Cette ombre qui me hante depuis la fin du précédent millénaire est mise en lumière : c'est ce que j'ose enfin croire. 


© Autopsie d'une ombre | 2016 | Tous droits réservés | François Ménard


 

 

30 juin 2016

Autopsie d'une ombre : chapitre 2

 

Au départ et à cette heure-là, la gare de Bercy n'est pas bondée. Je suis surpris d’y rencontrer si peu de monde. Contrairement au voyage aller, celui du retour est plus jovial. Mes parents se sont mis l'un à côté de l'autre spontanément.

Vendredi 25 septembre 2009, 17h33

Le train arrive en gare de Tonnerre : Sylvie, ma maman, nous a proposé de venir se rafraîchir dans son appartement. Cela fait exactement deux minutes que nous sommes sortis du train et elle repart à la charge !

« Inutile de te faire des idées ! Tu as bien entendu l'expert. Il va établir un « pré-rapport » et il nous l'enverra par la suite. Je pense qu'à ce moment précis, il faudra que nous en discutions avec l'avocat pour envisager de clore enfin le dossier. 
- Bon, on peut passer à autre chose, s'exclame Francis, mon papa ! Parce que passer une journée comme celle-là, c'est encore plus éreintant que d'être systématiquement debout, derrière l'étal ou la balance de la boucherie à servir des clients capricieux ! »

Mon père est boucher.

Puis, il nous avertit qu'il repart directement chez lui et moi je préviens ma mère que je ne resterai pas longtemps, car il me reste un colossal travail de relecture à effectuer sur le manuscrit. Sylvie s'efforce de me persuader qu'une nouvelle vie va prochainement s'ouvrir à moi. Je n'arrive que modérément à m'en convaincre.

Au cours du repas, je lui dis qu'il va me falloir utiliser un calepin orange avec la nouvelle enseignante pour y noter les consignes.
 
« Tu ne crains pas de faire des amalgames ?
- Pourquoi, me dis-tu ça ?
- Parce qu'entre ce nouveau support, ton agenda et le carnet qui lui est associé, je crains que tu te perdes et que tu rates des informations importantes. D'ailleurs, tu as bien vu quand l'orthophoniste a essayé de mettre place un second calepin pour les prévisions des repas et des autres éléments de la vie courante : tu faisais des amalgames entre ce carnet et celui de l'agenda.
- Il y a déjà quelques années, maman ! »

Il est vrai que multiplier les supports de rappel est une vraie hérésie. C'est également multiplier le risque de ne pas arriver à retrouver une information... au cas où elle se trouverait effectivement notée sur l'un d'entre eux.

« Mardi dernier lorsque j'ai rencontré les deux nouvelles institutrices, je les ai averties du fait que je devais prendre en note toutes les instructions données. J'ai peur qu'un désaccord entre nous ne se produise et qu'il me frustre davantage. »

En soirée, de retour au studio de Flogny-la-Chapelle, après avoir pris une bonne douche, j'allume l'ordinateur et je relis le dernier chapitre que j'ai tapé hier. Bien entendu, j'y retrouve encore des fautes.

✲✲✲

Jeudi 1er octobre 2009, 9h45.

En ce début de matinée, je me rends à l’école de Bernon, pour y prendre mes fonctions. Je retrouve vite mes habitudes avec les écoliers que j'ai côtoyés précédemment dans cette ancienne classe unique. L'entrée se fait à l'arrière du bâtiment, par une rampe en béton conçue pour l'accueil de Benjamin, un enfant handicapé en 2004.

Après que Julie, la nouvelle enseignante, m'ait expliqué ce qu'elle attend de moi lors de ces premiers jours, je prends place dans la pièce où je faisais lire les quatre élèves de CP, il y a deux ans.

Julie, une jolie jeune femme aux longs cheveux à la blondeur naturelle, est la directrice du groupement d'écoles où j'interviens. C'est en tant qu'agent administratif au directeur d'école que je dois exécuter les directives de ce nouveau contrat de travail précaire.

Elle me fournit tout d’abord les directives pour préparer l'ensemble du matériel de vote en vue des futures élections de parents d'élèves. J’en suis enjoué car c'est « de l'administratif dans toute sa splendeur » ! C'est surtout une remise en cause de mes capacités de planification qu'elle veut tester. Car, sans le savoir, c'est dans l'action de devoir la préméditer que j'éprouve un vrai problème d'organisation.

En fin d'après-midi, après avoir surveillé les enfants dans la cour de récréation, Julie me propose de travailler avec les CE1. Contrairement à son prédécesseur, elle ne souhaite pas que j'aille avec un groupe d'élèves dans la petite salle faisant office de bibliothèque. Alors je travaille à la correction des exercices de mathématiques avec ces élèves, au sein même de leur salle de classe.

Le lendemain, je poursuis la préparation du matériel de vote. Pour chaque élève, je dois mettre dans une enveloppe au format 16x23, une notice explicative, trois bulletins de vote et une petite enveloppe couleur crème.

Tout cela peut paraître assez simpliste mais, pour ma cervelle, il devient vite compliqué de m'y retrouver : entre les diverses fratries des différentes classes et surtout avec des parents qui n'habitent pas forcément sous le même toit… ! Sachant que mères et pères sont invités à se prononcer, soit en venant directement à l'école, soit en adressant son vote par courrier… !

Une fois ce travail achevé, Julie me laisse corriger un exercice de français avec les CE1 et me demande également de leur faire lire la lecture du jour. Ils ne sont que quatre : trois filles et un garçon. Alors, je pense être en mesure de pouvoir y arriver !

Lundi 5 octobre 2009, école de Bernon.

Je me présente de nouveau à l’école vers 9h.

Le bus vient d'arriver devant les grilles. Julie fait sortir les élèves de la classe pour qu'ils montent à l'intérieur et elle me demande de les recompter une fois qu'ils seront tous assis.

Ce matin, les écoliers se rendent à la piscine, comme chaque semaine de cette première période. Alors, pour les prochains lundis, je demande à l'institutrice si je ne serais pas plus utile à l'école de Lignières, auprès des classes de maternelle et de CP. Elle me dit qu'elle demandera à Émilie, l'enseignante de l'école de Lignières, si elle aurait besoin de mes services.

L'après-midi, je termine enfin la préparation du matériel de vote. Julie : « Peux-tu faire lire individuellement une des trois filles de CE1 ? Celle-ci a des difficultés à intégrer les différents sons que font les lettres avec la méthode dite « globale ». »

Car l'approche de la lecture réalisée de cette façon ne peut être opérationnelle sans un travail préalable, en amont pour en faire la découverte, mais aussi en aval pour consolider l'acquis.

Pour y parvenir, Julie me propose de faire lire la jeune Cassandra dans la pièce annexe de la classe. En même temps, j'aurai à surveiller les élèves de CM2 qui terminent une évaluation commencée vendredi dernier. Comme elle ne me connait que depuis quelques jours seulement, par précaution, elle me demande de laisser les portes de la salle de classe et de la bibliothèque, ouvertes : on ne sait jamais à qui on a affaire ! Mais surtout, on ne sait jamais ce qu'il peut arriver !

Elle me fournit un livre s'intitulant « Un monde à lire » et me demande de revoir avec la jeune demoiselle le son que fait la lettre « d ». Cette dernière produit toujours le même son. Mais il peut arriver qu'elle ne s'entende pas quand elle est située à la fin d'un mot. Comme par exemple, dans le mot « sourd » où elle ne se prononce pas.

J'éprouve un certain mal à improviser ce rôle de « maitre d'école ». Sans doute parce que je n'en possède pas l'élément essentiel : le réel bagage. C'est vrai, j'allais oublier d'en tenir compte !

Le lendemain, Julie me laisse enfin faire ce pourquoi, il me semble avoir trouvé une vocation : aider les élèves de toutes classes confondues... de tout niveau, pour être plus précis !

Mais lors de la récréation, six garçons me donnent du « fil à retordre ». Ils s'excitent et commencent à faire les imbéciles. Au lieu d'en référer à ma supérieure hiérarchique, je les fais asseoir sur les deux bancs qui se trouvent sous le préau : ce n'est pas ce que j'aurais dû faire !

Je profite de la journée de repos du mercredi pour m’occuper de « mes affaires ». N'ayant pas encore reçu le contrat de travail, je suis dans l'obligation de faire du « forcing » auprès du lycée qui m'emploie. Car je dois rendre compte de ma situation à divers organismes dont le pôle-emploi et la C.A.F.

Alors je téléphone au service recrutement du lycée qui s'occupe du tutorat des écoles de ce secteur académique. On m'avertit que les contrats de vie scolaire viennent de revenir de l'inspection de Bar-sur-Seine. Alors, ils ne devraient plus tarder à être envoyés aux différentes écoles.

Jeudi 8 octobre 2009, 10h05.

La cour de récréation de l’école est très animée. Encore les six mêmes garçons qui désobéissent aux règles instaurées par l'institutrice. Alors, je les hèle du préau :

« Hey, les gars ! Vous pouvez me dire pourquoi vous vous êtes retrouvés assis sur les bancs l'autre jour ? »
Seul, l'élève du CM2 me répond :
« C'est parce que nous avons fait le tour de la mairie !
- Et oui, comme tu le dis Nicolas. Alors s'il te plait, tu peux appeler tes camarades… Vous allez vous asseoir sur les bancs ! »
Alors chacun rejette la faute sur l'un de ses cinq autres camarades. L'institutrice va leur donner une punition à faire signer par les parents.
Juste avant midi, Cassandra relit les mots possédant une lettre « d », qu'elle a déjà lus trois jours auparavant. Puis elle découvre le signe suivant. Il s'agit de la lettre « b ». Au passage, elle remarque que cette dernière est formée d'un rond et d'une grande barre qui monte, comme celle qu'elle a précédemment étudiée. Mais que cette patte accolée allant vers le haut ne se trouve pas à la droite du rond mais bien à sa gauche.
Maintenant, la difficulté suivante sera d'observer si elle parvient à avoir ce même type de raisonnement avec la graphie des lettres dont la barre descend.

La nuit suivante, je n’ai pas arrêté de réfléchir aux deux questions que je me pose. Comment se fait-il que je me fasse si peu respecter par certains élèves ? Quel moyen dois-je mettre en place pour que cela cesse ?
« Eurêka ! » Dans les profondeurs de la nuit, une lumière de raison m'est apparue. Alors je l'ai notée.
Alors que Julie vient de refermer la porte de la classe derrière le dernier enfant sorti, je demande à l'ensemble des élèves de venir près de moi : j'ai une annonce à leur faire. Je me lance :
« Je peux comprendre que pour vous, la récréation soit quelque-chose de sacré, qu'elle symbolise une coupure entre deux moments où vous devez faire preuve de concentration. Cependant ce moment-là, lui aussi, est régi par un certain nombre de règles à respecter. Comme par exemple, ne pas courir sous le préau, ne pas chahuter dans les toilettes mais, surtout, ne pas faire le tour de la mairie ! »
Tous m'écoutent mais je vois bien que ces mots-là dérangent.
« Alors, j'ai préparé une petite liste de verbes qu'il faudra conjuguer à tous les temps et à toutes les personnes que vous connaissez si vous venez à ne pas respecter la règle ! »
Personne ne proteste lors du retour en classe.

Par la suite, Julie me demande de surveiller les élèves du CE1 qui doivent faire un travail en autonomie pendant que Cassandra, elle, lira une nouvelle histoire pour découvrir le son « on ».

Vers midi, les élèves prennent le bus pour rejoindre la cantine et, avant que je ne rejoigne à mon tour ma voiture pour aller déjeuner, Julie m’interpelle :
« Nicolas m'a dit que tu l'as puni encore une fois et qu'il a passé la quasi-totalité de la récréation, assis sur le banc.
- Avec Léo et d'autres, ils n'arrêtent pas de courir autour de la mairie ou alors ils font le bazar dans les toilettes. Alors, je leur ai promis des verbes à conjuguer s'ils continuaient...
- Hop, hop, hop, François ! Tu peux me rappeler qui est le responsable des enfants ? Qui est-ce qui a autorité sur eux et qui doit prendre une décision ? Certainement pas toi !
- Oui mais...
- Tu aurais dû m'en parler au lieu de vouloir résoudre le problème seul. Car comprends-moi, j'ai été obligée de te décrédibiliser auprès des enfants pour ne pas qu'à mon tour, dans la fonction qu'est la mienne, je ne sois discréditée. Tu me comprends ?
- Qu'est-ce que tu entends par ces mots-là ? »

Car j'ai bien du mal à en établir une définition concrète au sein de mes neurones. Le pire, c'est que je ne peux rien faire quand j'éprouve cette intense frustration ! Je monte dans la voiture sans arrière pensée et démarre. Quelques minutes plus tard, je me trouve dans le village de Lignières. Soudain, à hauteur de l'arrêt de bus, une personne s'avance au milieu de la route et me fait signe d'arrêter : je baisse la vitre.
« Bonjour William.
- Salut François. Tu te demandes pour quelle raison je t'arrête ?
- Je suppose que c'est en rapport avec la punition que la maîtresse a donnée à ton garçon !
- Oui, parfaitement ! J'aimerais bien que tu m'expliques ce que Lorick a fait exactement ? Parce que je compte ne pas en rester là pour si peu. »

Après lui avoir expliqué la mauvaise influence que certains élèves plus âgés ont sur son fils, je lui dis que je ne pouvais pas me permettre de faire preuve de partialité.

« Je ne suis pas présent dans la cour pour jouer au gendarme. Je veux seulement que tout se déroule le plus sereinement possible. »

Lundi 12 octobre, 9h05.

L'institutrice de l'école de Bernon appelle sa collègue de Lignières au téléphone. Je dois théoriquement y travailler ce matin. Pour que j'entende la conversation, la collègue de Julie appuie sur un bouton du combiné pour le mettre en « main libre ».
« François, pourrais-tu venir à Bernon car je n'ai pas d'accompagnateur masculin pour aller avec les garçons aux vestiaires ? »
Heureusement que les deux villages ne sont distants que de quatre kilomètres. En cinq minutes, je m'y trouve. Le bus qui emmène les enfants à la piscine n'attend plus que moi !

En début d’après-midi, après être allé au secrétariat de mairie pour commander un nouveau toner de photocopieuse, Julie me demande de faire lire Cassandra. Il s'agit de la lettre « p » qu'elle doit découvrir. Comme le « d » et le « b », celle-ci est composée d'un rond et d’une grande barre. Mais contrairement au « b », sa patte ne monte pas, elle descend. Le mot le plus simple pour se rappeler le son qu'elle produit est « papa ».

En fin d'après-midi, je me rends chez Sylvie pour y faire mon repassage.

Mardi 13 octobre.

Comme ce matin, l'enseignant du R.A.S.E.D. qui suit Cassandra se trouvait à l'école de Bernon, je me suis rendu utile auprès d’Émilie, l'institutrice de Lignières, et de Dounia, son A.T.S.E.M. Il me semblait avoir déjà côtoyé cette dernière, mais impossible de me souvenir à quelle occasion ! J'ai attendu que ce soit elle qui me rafraîchisse la mémoire.

« Il y a deux ans, j'ai fait un stage ici.
- Nous nous sommes déjà vus ?
- Mais bien-sûr ! J'ai fait plusieurs stages ici aux côtés de l'ancienne institutrice et de son A.T.S.E.M. de l'époque, Stéphanie. »
Pourtant, je suis assez physionomiste et ma mémoire des visages me fait rarement défaut. Mais j'ai dû admettre qu'il ne me restait plus aucun souvenir de cette personne.

Julie veut que je montre aux élèves du CE1, de quelle façon on recherche des informations sur internet, alors que je ne suis pas loin de penser qu'ils m'en apprendraient probablement plus que je ne saurais leur montrer. Mais, comme l'institutrice me l'a demandé, je leur fais rechercher les horaires de lever et de coucher du soleil.

Jeudi 15 octobre : l’enseignante de l’école de Bernon est absente aujourd'hui. C'est un maître qui la remplace. Il s'appelle Renaud. Yann, l'autre instituteur, celui qui aide Cassandra, a noté sur un papier les pages du livre qu'elle devra revoir. Les sons « feu » et « veu » se confondent souvent du point de vue de leur phonème. Alors, il me demande par un post-it d'insister à propos de la lecture des syllabes proposées dans le livre. Je ne dois pas hésiter à lui proposer d'autres mots que ceux écrits dans ses pages.

Puis en fin d'après-midi, Renaud me charge de l'assister auprès des différents niveaux, comme je le faisais lors du premier contrat que j'ai eu avec ces écoles.

Vendredi 23 octobre, une heure avant le départ en vacances de la Toussaint à Bernon.

Après avoir préparé puis relié les livrets scolaires de chaque élève, Julie propose aux enfants de choisir un livre de bibliothèque qu'ils devront lire pendant les vacances. Je dois prendre en note chaque emprunt.
Après avoir souhaité de bonnes vacances à l'institutrice, je prends la direction de Tonnerre, où je rejoins l'appartement de Sylvie.

Après le divorce de mes parents, mon père a vendu la maison. J’effectue donc mes lessives, chaque mercredi, chez ma mère.
Et j’y reviens chaque vendredi ou samedi, après l'école, pour repasser le linge.

Mardi 27 octobre.

À peine ai-je eu le temps de rentrer du marché que Samir, le directeur du centre aéré de Flogny, me téléphone. Ce matin, il est le seul animateur présent avec les enfants. Alors il me demande si je suis disponible pour encadrer une dizaine de jeunes.

Une fois, cette matinée achevée, il me sollicite à nouveau pour venir avec lui au cours de la journée du jeudi, car il prévoit d'aller à Auxerre. Le matin, le planning fait état du visionnage d’un film au cinéma et l'après-midi, nous chausserons les patins à glace.

Une semaine plus tard, Samir me réquisitionne à nouveau pour l'accompagner à la piscine. Comme l'eau n'est vraiment pas très chaude, je ne fais « trempette » que très peu de temps !

Le 04 novembre, c’est la reprise des cours à l'école de Bernon, par un mercredi, pour que le lundi de la Pentecôte reste chômé.

Comme la maîtresse est encore absente, c'est Renaud qui est de retour : Julie n’est en formation qu’aujourd'hui. Avant les vacances, Yann m'a laissé comme instruction de consolider les acquis de Cassandra. Alors ce matin, je dois revoir avec celle-ci la lecture des sons « d », « on » et « f ». Puis, il est noté de lui faire découvrir le son « k ».

De retour au studio de Flogny, je finis l'impression du deuxième exemplaire du manuscrit, dans la soirée.

Je vais enfin pouvoir passer à une relecture moins virtuelle.

Parcourir les phrases sur l'écran de l'ordinateur favorise l’oubli de nombreuses fautes d'inattention, à moins de faire une lecture à voix haute de chacune des phrases, de chacun des mots !

Je n'ai toujours pas fait parvenir le manuscrit au moindre éditeur. J'attends l’opportunité d’en rencontrer un, physiquement, en espérant qu’il me donnera son point-de-vue sur mes écrits.

Lundi 09 novembre 2009, école de Bernon.

« Un son, une dent, tendre, une tante, la tonte, une dent, un volant, rompre, une rampe, un tampon, tondre, une antilope, une ampoule, un bidon, un couteau, une caméra, une enveloppe, un élan, le temps, un savant, un enfant, un marchand, un carton, couper, le coude, un canard, rembourser, un bouton, tombant, un ruban, un hibou, un bidon, avant, un panda, pendu, la température, un pantalon, un lavabo, un hibou, donner, chanter. »

Sur un papier, l'instituteur du R.A.S.E.D. m'a demandé d'établir une liste de mots dans lesquels on entend le son « an » et ceux où on ne l'entend pas. Cassandra doit me les lire.

Après cette séquence « pédagogique » et quelques photocopies, Julie me demande d'aider les élèves du CE1 et du CE2 pour la correction de leurs exercices de mathématiques.

✲✲✲

Au cours du mois de décembre, Julie me demande de faire lire, individuellement, une deuxième élève du CE1. Celle-ci est également suivie par le même maître que Cassandra. Alors avec elles deux, je reprends quelques sons utilisés dans la langue française. 


© Autopsie d'une ombre | 2016 | Tous droits réservés | François Ménard

 


 

 

 

 

 

 

 

28 juin 2016

Autopsie d'une ombre : chapitre 9

 

Certains jours, lorsqu'il me fait ouvrir un oeil, j'imagine qu'il va sonner une seconde fois. Ou plutôt qu'une deuxième onde acoustique va pénétrer mes conduits auditifs. Que celle-ci traversera les tympans, fera vibrer les outils du forgeron qui permettront à mon existence de résonner différemment.

Mais rien n'y a fait !

Je retire ce que je viens d'écrire et modifie quelques mots.

Mais je ne fais rien pour que ça change !

La nuance n'est a priori pas des plus subtiles, mais la vie est là. Alors autant que le déroulement de son présent soit l'un des meilleurs possibles ! Même si ce temps donne du fil à retordre à la personne qui s'imagine encore pouvoir en changer le cours sans ne rien faire. Car à quelle personne n'en donne-t-il pas ? Celle qui ose bouleverser la marche de son développement ? Celle qui est simplement contrainte de le faire ?

Malheureusement, je ne fais rien pour que ça change car j'ai trop peur de devoir une nouvelle fois côtoyer l'inconnu.

C'est paradoxal d'écrire cela, mais c'est surtout très égoïste. Il se peut même que ce soit profondément narcissique ! Quelle raison prévaudrait pour ne pas le faire ? Quelle optique pourrait réellement me faire ouvrir les yeux ? Aucune ! Alors pourquoi ne plus être attentiste comme je le suis ? Il y a des jours où les idées qui résonnent dans sa boite, ne parviennent pas à rebondir autrement que par des interrogations.

Lundi 16 septembre 2013, réouverture de l'A.S.D., 16h30.

« Quelle affluence pour cette reprise ! »

Pendant que ces jeunes gens prennent le goûter, j'ouvre les volets de la pièce du fond, celle où avec eux, je travaille. Pour la reprise, il me faut revoir avec une élève de quatrième la leçon en rapport avec la gravitation des planètes. Avec un cinquième, nous revenons sur les termes de priorité au sein des quatre opérations, avec ou sans parenthèses. Et puis, sans un bruit, et en s'excusant presque de venir déranger, une jeune personne m’interpelle :

« C'est bien toi François ?

- Oui pourquoi ?

- Cyrille m'a dit de venir te voir. »

Cette adolescente qui est en seconde générale souhaite revoir l'ensemble des tableaux de conversions liées au système international.

« Aucun problème », lui dis-je.

Elle me remercie une nouvelle fois et nous commençons par revoir le mètre, ses multiples et sous-multiples. Puis similairement nous revoyons les unités en rapport avec le litre puis le kilogramme. On passe ensuite aux unités de surface puis à celles de volume en traçant le parallèle qui existe entre les multiples et sous-multiples du mètre carré et de l'hectare et entre ceux du mètre cube et du litre.

Jeudi 19 septembre 2013, A.S.D., 17h15.

Étant également professeur de français, Cyrille se doit de jongler entre ses cours en université et ses fonctions de coordinateur des associations « Intégration » et « Accompagnement Scolaire ». En conséquence, son emploi du temps ne lui permet pas toujours d'être ponctuel. Justement, aujourd'hui, ses cours se terminent à 18h. Il faudra donc que j'ouvre la séance à sa place. Mais avant qu'il n'arrive, un des enfants du quartier manifeste des signes d'agitation prononcée : il veut rentrer chez lui. N'ayant pas l'autorisation de le laisser sortir, je refuse qu'il retourne à son domicile. Alors, il se met à « bouder » !

Halima, la demoiselle qui est en seconde, est revenue. A nouveau, elle me demande de lui expliquer plusieurs notions de biologie et de physique.

« Tout ce que j'aime », me fais-je comme réflexion.

Mardi 24 septembre 2013, fin de la séance à l'A.S.D., 18h10.

J'ai hésité un long moment avant d'aller au soutien scolaire aujourd'hui. Mais, Cyrille ne pouvant ouvrir la séance, j'y ai été contraint. J'ai l'impression de m'être fait prendre en flagrant délit de faiblesse par les autres bénévoles, car je me dois de respecter les engagements que j'ai pris devant lui. Au moins, il sait qu'il peut compter sur moi en toute condition !

Avant le déjeuner, j'ai « encore » bu au moins quatre ou cinq verres de Whisky. Je dis « encore » car cet acte commence vraiment à devenir répétitif. Mais surtout j'éprouve de plus en plus de difficultés à tempérer l'envie qui se crée en moi. Ma consommation n'empire pas, mais je ressens un besoin constant d'être déconnecté du vrai « moi », pour ne plus sentir une pression psychologique imaginaire implacable.

Avant l'an 2000, j'avais un prétexte valable, avec cette boule qui « squattait » le fond de ma gorge. Mais aujourd'hui, je n'arrive plus à trouver de raison honnête pour continuer à agir ainsi. Si ce n'est pour conforter une partie de ce « moi » dans son rôle de victime.

Peut être est-ce le fait de ne plus pouvoir me passer de cette simple déconnexion se créant à l'intérieur de mon cerveau ?

Jeudi 26 septembre 2013, A.S.D., 16h45.

J'arrive à l'association avec un quart d'heure d'avance. Je tiens à présenter mes excuses à Cyrille pour être arrivé mardi dans un état peu adéquat à la fonction que je remplis.

« Écoute François, la prochaine fois que cela t'arrive, si toutefois tu réitérais, tu me téléphones en me disant que tu as un empêchement de dernière minute. Et si je peux te rassurer, tu n'as absolument aucun compte à me rendre !

- Merci Cyrille !

- C'est humain d'avoir des défaillances. L'essentiel, c'est de s'en rendre compte et de tout faire pour en corriger les conséquences. »

Samedi 28 septembre 2013, Mont Saint Sulpice (89), 16h.

Avant de rejoindre la maison de Francis, je me rends dans un village qui est proche de Brienon-sur-Armançon pour y faire la connaissance de l'auteure, Adeline Neetesonne, à laquelle j'ai déjà commandé des livres. L'invraisemblance du pouvoir d'internet, c'est de créer du lien. Sa crédibilité se matérialise par une rencontre réelle. L'univers scriptural de cette jeune femme est diamétralement opposé au mien. Et pourtant quelque chose d'invraisemblable nous lie. Elle, dans son écriture fantastique, et moi, dans la vie réelle. C'est le mysticisme qui semblerait être ce point commun.

Mardi 01 octobre 2013, fermeture de l'A.S.D., 18h09.

Pour n'avoir aucun doute qui subsiste, je note précisément dans l'agenda l'heure à laquelle, je ferme le local de l'association. En fait, je note spécifiquement l'heure à laquelle, j'entends le son des clés tinter sur le fond en tôle de la boite-aux-lettres.

Un justificatif de conscience qui me permet d'être rassuré. Ainsi, cela évite à ma cervelle de ressasser et de douter pendant des heures en me demandant « si j'ai, oui ou non, effectué un tel geste » !

J'en serais presque à vouloir remercier l'orthophoniste d'Auxerre de m'avoir conseillé une telle démarche !

Quinze jours plus tard.

Mercredi 16 octobre 2013, appartement de Saint-André, 8h30.

Après avoir acheté quelques vivres au supermarché la veille, et trois baguettes de pain - élément indispensable pour la survie des convives que je reçois - je me mets « aux fourneaux ». En réalité, aujourd'hui, je maitrise quelques recettes spécifiques que je reproduis à chaque nouvel invité. De cette façon j'ouvre moins souvent le livre de recettes qu'auparavant.

Pour la venue de mes grands-parents, je décide de leur préparer de la joue de porc, car c'est vraiment délicieux ! En accompagnement, j'émince des poivrons et des courgettes que je fais revenir dans de l'huile avec des échalotes. Pour le dessert, je prépare un gâteau que ma grand-mère fait rarement avec d'autres fruits que des cerises : un clafoutis avec un mélange de pommes et de poires. Je mets également une bouteille de champagne au frais et je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour mon grand-père Jany, car avec lui aussi, j'en avais ouvert une !

10h45.

Ma grand-mère me téléphone pour me dire qu'ils s'apprêtent à partir de chez eux. Connaissant le « train de sénateur » avec lequel le grand-père se déplace, je leur avais conseillé de partir avant 11h.

De cette façon, ils éviteront la cohue des automobiles sortant de l'agglomération. Le rendez-vous est fixé sur le parking de l'hôpital de Troyes, à côté du château d'eau. À pied, je n'habite qu'à quelques minutes de là.

En fermant la porte derrière moi, je dispose une feuille de papier sur le paillasson. J'y ai écrit un petit mot à l'attention de mes invités.

Je leur avais dit au téléphone que je les attendrai au pied du château d'eau, mais je ne vois toujours pas leur voiture ! C'est à cet instant que je me rends compte de la réelle utilité d'un téléphone portable.

J'arpente de long en large le parking de l’hôpital. Je descends même le long de la route d'Auxerre. Et aucune voiture vert clair n’apparaît dans mon champ de vision.

Je repars pour la troisième ou quatrième fois de la route vers le château d'eau…

Soudain, j'entends : « Ohé, François ! »

Renée agite sa main gauche. Elle se tient debout, en s'équilibrant péniblement de sa main droite appuyée au rebord de la portière.

« C'est la porte au fond du couloir ! »

Leur dis-je, au moment où ils sortent de l'ascenseur. Une fois arrivés en face de l'entrée, ils trouvent alors ce petit mot laissé à leur intention : « Bienvenue à Masterchef ! »
C'est un peu pompeux, je l'accorde !

Mais à échelle différente, juges et jugement différents...

Je cuisine uniquement pour ne pas dépérir. Et si je peux le faire en évitant de consommer trop de produits chimiques, c'est préférable.

Après avoir bu une flûte de champagne, nous passons à table.

En entrée, je leur sers de l’avocat, un fruit que ma grand-mère n'utilise jamais. Je ne sais même pas si elle en a déjà mangé ! J'ai comblé la partie creuse laissée par le noyau avec un mélange de thon émietté et de mayonnaise. Ils trouvent cela très bon, comme la suite du repas d'ailleurs.

Un mois plus tard, le dimanche 17 novembre 2013, au Salon du livre de Saint-Parres-aux-Tertres.

Après m'y être rendu seul la veille, je reviens avec Sylvie à la salle des fêtes où cette manifestation culturelle a lieu. J'ai le ferme espoir de participer à celui de l'année prochaine !

Mardi 19 novembre 2013, A.S.D.

Avant qu'il ne soit de retour de son cours de français au sein de l'une des deux écoles supérieures de Troyes, Cyrille m'a averti hier qu'un certain nombre de nouvelles personnes viendraient pour appuyer le groupe des bénévoles. A priori, je pense qu'il doit s'agir d'un petit groupe d'étudiants, qui comme l'année précédente, était venu nous aider à cette même période.

Ces nouvelles personnes ne sont qu'au nombre de trois pour l'instant. En leur serrant la main, je les accueille, mais très vite et sans leur prêter d'attention particulière je retourne dans « mon antre ».

Cyrille, qui est rentré depuis quelques minutes, fait visiter les locaux de l'association à ces trois demoiselles. À tour de rôle, elles découvrent l'endroit et les différents intervenants. Littéralement absorbé par les explications données à deux élèves de cinquième concernant la méthode avec laquelle je simplifie les fractions, je ne me rends, encore une fois, que peu disponible et ne leur accorde que peu d’intérêt.

Je note simplement sur mon carnet le prénom de chacune d'entre-elles pour pouvoir le retenir : Alexandra, Manon et Sabine. Et à côté de ceux-ci, je note également une particularité typiquement masculine qui, à l'avenir, pourra me permettre de les identifier au cas où je serais amené à les revoir ! Satanée mémoire.

Je suis sûr et certain de n'avoir jamais rencontré les deux premières qui paraissent nettement plus jeunes que l'autre. Par contre la finesse des traits du visage et la noirceur des cheveux bouclés de la troisième, dégagent une certaine familiarité qui ne me semble pas totalement inconnue. Mais comme de nombreux éléments que mes yeux croient avoir déjà vus, il est probable que cette vraisemblance n'en soit que des plus chimériques.

Vendredi 22 novembre 2013, repas chez Cyrille.

Cyrille m'a invité hier à venir diner chez lui ce soir. Il prévoit de faire une raclette. Je connais ses deux enfants et sa femme pour les avoir déjà côtoyés quelques fois à l'aide aux devoirs. Mais nous n'avons encore pas eu le temps de vraiment faire connaissance. Je pense donc que ce repas va en être l'occasion.

Cyrille me réaffirme l'impression que j’avais : certains écoliers et collégiens m'apprécient. Peut-être parce qu'au fond, je suis resté à mi-chemin entre l'enfance et l'âge adulte. Ou plus concrètement parce que je suis comme eux, je possède également un chromosome Y, typique d'une éternelle juvénilité d'esprit !

Mardi 26 novembre 2013, A.S.D., 16h35.

Cela va bientôt faire une heure que ces trois collégiens, deux cinquièmes et un quatrième, « pédalent dans la choucroute » avec leurs exercices de physique et de mathématiques. Pourtant je leur explique qu'il suffit d'appliquer les formules du cours pour qu'ils parviennent à trouver la solution. Mais je crois surtout qu'ils attendent que je fasse ce travail à leur place.

À l’écoute de la voix des personnes qui viennent de rentrer, je reconnais celle de l'une d'entre-elles, que je n'ai pourtant entendue parler qu'une seule fois.

Quelques minutes après, Sabine me salue en me serrant la main et me demande si elle peut s'installer dans cette salle. Entre deux interpellations d'adolescents, je vais apprendre qu'elle a deux ans de plus que moi, qu'elle n'a pas encore d'enfant et qu'elle est éducatrice spécialisée dans un service d'action éducative d'une association sociale. Pourtant une autre question, plus intimiste, me brûle les lèvres. Mais je me défends de la lui poser pour des raisons évidentes. Nous ne nous connaissons pas et surtout… ce n'est pas le lieu pour faire cela. Alors, il n'y aura que peu d'échanges entre nous lors de ces premiers moments de proximité : rien de plus normal.

Mais je suis déjà sous « le charme » comme ensorcelé !

Après la séance, je laisse la clé du local à Alain car il fait partie d'une chorale et la répétition de ce soir doit se dérouler ici.

Sur le chemin du retour, je fais inlassablement le tri dans mes pensées. J'ai appris depuis quelques années à faire ce travail méticuleux pour en faire rejaillir les souvenirs. Et là, je retrouve enfin à qui Sabine me fait penser... Ou plutôt à quoi !

Voilà bientôt une demi-heure que je suis rentré à l'appartement et cette fois, je fouille dans un autre endroit. Mais j'ignore si je possède encore ce que je recherche. Peut-être l'ai-je brûlé comme tant d'autres éléments appartenant au passé et pour lesquels il n'y avait plus rien à espérer. Pourtant, j'ai l'impression d'être toujours en sa possession. Alors du garage où je suis descendu, je remonte à l'appartement et je cherche sans relâche et partout.

Quand soudain, un éclair de « génie » traverse mes neurones. Tel un film en noir et blanc, j'en visualise mentalement la bande son et les images pour retrouver la logique de son déroulement. Tel un processus incluant parole, écoute et traitement des données, cette réflexion à voix-haute s'effectue de façon minutieuse.

« Si mes souvenirs sont bons, lors du déménagement de Flogny, avec Francis, nous avons transporté de multiples affaires dans des caisses vertes qu'il avait ramenées de son lieu de travail. »

Mais la lumière de ce flash fait rapidement place au brouillard de la confusion. Alors, je prends un verre, me sers un whisky et m’installe devant l'écran de l'ordinateur. Et puis machinalement, et alors que je me redresse sur la chaise, ma tête pivote d'un quart de tour sur la droite. Et là, je la vois cette caisse verte que je cherche depuis plus d'une demi-heure.

Elle est là dans le petit meuble sur lequel est posée l'imprimante.

Je la vide entièrement et recommence à fouiller dans les affaires qui en sont sorties !

Dans une pochette verte aux élastiques cuits par les années, je retrouve enfin ce précieux trésor. À l'intérieur, un bloc de papier quadrillé à petits carreaux au format 21×29,7 sur lequel est écrit au feutre noir « Autopsie d'une ombre ». J'ai l'intime conviction qu'une réponse à ce que je cherche, s'y trouve. Une réponse griffonnée une quinzaine d'années auparavant, écrite à la page 17 de cette ébauche de manuscrit. Alors, j'en lis le passage...

« La finesse de son nez, l'onde ténébreuse de ses cheveux, le velours de ses lèvres, l'obscure brillance du reflet de ses yeux la rendent encore troublante. On dirait une sirène dans un corps de femme ! Et d'un seul coup, je m'écrie : « Eurêka ! »
Bien que ces lignes écrites au stylo plume fassent état d'une analogie mystique avérée, j'ai l'intime conviction qu'elles prennent tout leur sens au regard de la jeune femme bien réelle que je viens de revoir. Quelque-chose que je n'arrive pas encore à saisir par le biais de la pensée se produit dans tout mon être. C'est tellement irrationnel que cela me terrifie !

Je commence à croire que j'accède résolument à la libération d'une partie totalement inconnue d'une sensation.

Une inflexible approche de la traduction de ce message va, au cours de la nuit, se manifester entre chaque phase de sommeil. Mais, à chaque réveil, ma conscience va rejeter en bloc le reflet de cette réalité extérieure sous un prétexte infondé. Celui qui, malheureusement, est toujours resté le même. Celui qui me contraint à penser qu'une aussi belle jeune femme ne peut éprouver aucun intérêt pour une personne comme moi.

Alors je vais réellement chercher à comprendre ce qui se produit dans tout mon corps pour la première fois de ma vie. Et je crois que ça va être terrible.


© Autopsie d'une ombre | 2016 | Tous droits réservés | François Ménard 


 

 

 

27 juin 2016

Autopsie d'une ombre : chapitre 10

Dernièrement, je me suis acheté un « home-trainer » pour faire de la bicyclette en restant dans l'appartement. Je me le suis surtout acheté pour reprendre un rythme de vie plus sain pour le corps. Et par la même occasion, j'aimerais qu'il m'aide à endiguer ces flots contre lesquels j’essaie ne pas boire la tasse ! Car hélas, je suis « méchamment » retombé dans l'engrenage de cette supercherie d'alcool.

Ce dont je n'arrive toujours pas à détecter, c'est l'instant où il me faudrait dire « stop ». L'absorption du premier verre engendre la succession des suivants. L'Homme se croit toujours plus malin que ses congénères face à n'importe quelle dépendance. Mais les deux seules manières d'en aborder sa condition d’assujettissement, demeurent invariablement l'affrontement ou la soumission.

En l’occurrence, d'un côté se trouve un fossé à franchir avant que je ne sois réduit à un état d'esclavage avéré. Mais pour autant, de l'autre, ce n'est pas forcément une simple « rigole » à enjamber pour recouvrer mon libre-arbitre.

Mardi 03 décembre 2013, A.S.D., 17h05.

Après avoir fait de l'espagnol avec un quatrième et de la physique avec un autre, il me faut rependre des exercices de mathématiques avec deux demoiselles de cinquième. Le premier objet que les élèves sortent de leur sac quand ils doivent travailler cette matière, ce n’est ni leur cahier, ni leur livre mais bien leur calculatrice ! Et les premiers mots qui sortent de ma bouche leur ordonnent de la ranger. Et ce, quelque-soit la classe ou encore le niveau du collégien.

Alors la première chose que je leur montre, c'est la décomposition d'un nombre en un produit de plusieurs « nombres premiers »

Mais n'ayant jamais eu de titre honorifique pour me substituer à un professeur, je ne montre cette méthode qu’aux élèves qui le souhaitent. Elle permet de déterminer tous les diviseurs d'un nombre en éléments simples, à la condition de connaître ses tables de multiplications « sur le bout des doigts » ! Et c'est là qu'un autre problème se pose ! 

Vendredi 06 décembre 2013, fin de l'A.S.D., 18h15.

J'ai trouvé qu'ils avaient beaucoup de devoirs à faire pour une fois ! Les profs sont sans doute passés à la vitesse supérieure !

Mardi 10 décembre 2013, fin de l'A.S.D., 18h05.

Sans qu'il n'y ait encore de véritable échange entre nous, je me suis aperçu que Sabine ne vient à l'association qu'une seule fois dans la semaine. Ce soir et même demain matin, je vais être comme un gamin qui ne veut plus « se débarbouiller » ! De peur de faire disparaître la fragrance qu'elle a laissée sur la peau de mes joues en me saluant.

Une physionomie touchante, brune, de longs cheveux bruns et ondulés, un visage fin de type méditerranéen, des narines collées qui en accroissent la finesse comme si son nez avait été refait. Mais surtout, Sabine a des yeux sombres dans lesquels l'espace tout entier semblerait graviter. Et mes yeux, à moi, semblent littéralement happés par de tels trous noirs.

✲✲✲

Les fêtes de Noël et du nouvel an ont quelque chose de vraiment épuisant. Quatre repas à manger et à boire comme s'il y en avait le double ! Je me souviens que mon grand-père Jany avait « gastriquement » un certain mal à enchaîner les repas de ces jours-là. Pour ma part, c'est un autre fait qui va me laisser une saveur amère au travers de la gorge.

Le goût du mot « irresponsabilité » qui se marie au caractère du terme « acidité » !

✲✲✲

Jeudi 02 janvier 2014, appartement de Saint-André, 11h15.

Ma mère m'ayant donné de copieux et savoureux restes de la veille, je reviens du supermarché où je n'y ai acheté que des fruits et de la bière. Les deux bouteilles de Whisky qui m'ont été offertes à Noël, sont déjà vides ! Alors je varie les plaisirs ! Mais je diversifie les moyens pour échapper à ce quotidien monotone. Je dois avouer qu'avec l'arrivée de la jolie jeune femme, les mardis à l'aide aux devoirs, il me plairait beaucoup d'échanger avec elle. Mais je ne sais pas comment m'y prendre. Je redoute de lui apparaître tel que je me vois : sceptique et hésitant ou encore rigide et plus individualiste que je ne le suis réellement !

19h15.

Dans le paquet de 12 bières à 9°, il n'en reste déjà plus que quatre. Alors l'heure n'est plus au calcul de mon taux d'alcoolémie tellement, je crois qu’il affolerait les chiffres de l’éthylomètre ! J’entre dans la cuisine pour y prendre une autre bière. À hauteur du tabouret, avec le pied droit, je marche sur l'arrière du chausson gauche. Et là, je perds l'équilibre. L'élan m'entraine en avant ! Je m’effondre la tête contre la vitre du four tordant au passage ma paire de lunettes. Péniblement, je me relève, réajuste la monture de celles-ci et ouvre une nouvelle fois la porte du réfrigérateur. Je repars m'installer sur le canapé pour siroter ce breuvage. Mais je ne m'aperçois de rien !

Quatre heures plus tard, j'ouvre un oeil, puis l'autre, mais c'est le « brouillard » le plus complet ! Les images sur le téléviseur défilent toujours et on dirait que les personnes sont muettes. La bouche pâteuse et le teint livide, je me lève du canapé et prends la direction des toilettes. Puis je rejoins la chambre.

Vendredi 03 janvier 2014, 8h21.

Je me réveille, tapote avec la main gauche sur la table de nuit pour y prendre mes lunettes. Mais elle ne s'y trouve pas !

8h21 et 04 secondes.

J'allume la lumière et bondis hors du lit, tel un félin se jetant sur sa proie. À tâtons, je cherche sur le sol à proximité du petit meuble de chevet.

Rien !

Désemparé, je réfléchis ! Mais aucun souvenir ne réapparait !

Alors, je prends la paire de lunettes de soleil qui se trouve dans un étui gris et la mets sur mon nez pour partir à la recherche de celles de vue ! Je sors à toute vitesse de la chambre et j'allume l’halogène pour poursuivre cette recherche ! Je ne me sens pas bien du tout car je n'ai plus aucun souvenir de ce que j'ai fait hier soir. Je jette un oeil près du téléviseur car il m'est déjà arrivé de les retrouver sur le sol à cet endroit. Désemparé, je pivote sur moi-même d'un demi-tour et fais face à la petite table basse sur laquelle se trouvent méticuleusement posées une multitude de canettes de bières vides.

Et là, la focale de mon regard se porte au milieu de cet amas de bouteilles. A travers le prisme des verres fumés que je porte sur le nez, je vois apparaître le soleil de mon bonheur.

Elles se trouvent là !

Mais ceci n'est qu'un soulagement de courte durée !

8h50.

Ma toilette achevée, je sors de la salle de bains et me dirige vers la cuisine. Au moment où j'y entre, je découvre un petit objet gris gisant sur le sol. Je me demande alors d'où il peut bien provenir ?
Au moment où le souvenir resurgit, le mot « affolement » serait vraisemblablement dérisoire pour décrire ce que me fait subir ma cervelle.
Avachi sur le canapé, mes neurones s'efforcent de replonger dans leurs souvenirs.

Mais rien !

Pas le moindre élément ne remonte à la surface du cortex. Alors, j'aimerais encore croire à une défaillance mnésique dont le retour du rappel pourrait être encore latent.

Mais je dois admettre l'évidence : il ne me reste plus aucun souvenir de la soirée de la veille.

9h.

Apathique et totalement désemparé, je perçois avec effroi les abîmes de ce « blackout » qui me reste du vide sidéral de la soirée d'hier. Car ces souvenirs appartiennent à la gigantesque nébuleuse de mon espace neuronal. Depuis l'année 2000, j'apprends à vivre avec de tels inconvénients mnésiques. Malgré tout, je sais pertinemment et que quelques souvenirs demeurent en latence dans les arcanes de ma mémoire. Le tout, c'est de parvenir à en faire resurgir l'authentique rappel.

Mais là, je crois que c'est « mission impossible » !

Quelques secondes après.

« Mais ce n'est pas vrai François... Tu en mérites des baffes ! »

Les souvenirs me reviennent enfin. Hier soir et alors que je repartais chercher une bière dans le réfrigérateur, mon pied droit a marché sur le chausson gauche et j'ai perdu l'équilibre. Je me suis affalé sur le sol sans pouvoir me rattraper à quoi que ce soit.

Et ce petit objet gris, c'est le sélecteur des modes de cuisson du four !

« J'ai « pété » le four ! Oh nonnnnnn ! »
Une telle exclamation de la part de ma conscience devrait presser l'inconscient à y répondre. « Peine perdue », car il n'y a rien de plus trompeur que la communication, ou plutôt l'incommunicabilité, entre ces deuxphénomènes psychiques. Et ce n'est pas parce que l'un est le décideur silencieux que l'autre doit rester un corrompu exemplaire approuvant unanimement les choix pris. « Mais, c'est joué d'avance ! Alors autant se résigner ! »

L'ultime résolution ne sera pourtant pas mise en vigueur immédiatement. Elle y sera après que mon amour-propre découvre un sentiment bien plus éperdu.

Vendredi 17 janvier 2014, A.S.D., 15h35.

À peine ai-je le temps d'arriver qu'un élève de seconde m'apostrophe :

« François, tu t'y connais en résolution d'équations-bilan ? »

J'ai envie de lui répondre que « non » mais ma bouche, comme manipulée par une main extérieure actionnant les lèvres de cette « marionnette-chaussette », finit par lui dire : « Montre-moi voir ton exercice ! »

C4H10+O2 CO2+H2O

« Aie ! »
J'emploierais bien un juron au lieu de cette interjection mais je ne dois pas le faire ici.
La résolution que je vais proposer à ce lycéen sera fausse. Néanmoins, il va comprendre la méthode qu’il doit employer pour en résoudre d'autres, similaires. La semaine suivante lorsque je le reverrai, il me dira qu'aucun élève n'est parvenu à trouver la solution. Le professeur leur avouera qu'elle était « très dure » !

Lundi 27 janvier 2014, appartement de Saint-André, 19h30.

Samedi dernier après avoir fêté les 60 ans de mariage de Renée et Pierre à Lignières, je suis resté chez mon père pour la nuit. Le lendemain après le petit déjeuner, je me suis rendu chez mes grands-parents pour boire un café. J'en ai profité pour demander à ma grand-mère la recette des oeufs à la sauce « matelote ». Alors pour le diner, je m’en prépare, égoïstement. J'en profite pour finir la bouteille de vin rouge à laquelle il ne doit manquer que les dix ou vingt centilitres utilisés pour la recette.

C'est la première fois que je confectionne cette recette et je la réussis « admirablement ». Alors je pense que ça ne sera pas la dernière ! Pour que je me souvienne de cette performance, je la note sur l'agenda. « humm, c'est trop bon ! » Il me manque seulement des tranches de jambon fumé et de la salade frisée pour parfaire ce plat. Car pour le moment, c'est le goût du vin rouge qui prédomine avant celui des oeufs !

Mardi 28 janvier 2014, raclette à l'A.S.D., 18h45.

Après la séance d'aide aux devoirs avec les collégiens, je reviens jusqu'à l'appartement, car je ne veux pas attendre pendant trois quart d'heure...
Évidemment, il n'y a guère de vérité dans cette pensée. En fait, au cours de la séance de cet après-midi, j'ai vu Sabine et je lui ai demandé si elle ne verrait pas d'inconvénient à passer la soirée à mes côtés. Elle ne s'y est pas opposée !

Je suis assez discret, voire légèrement timide, mais le verre d'apéritif me met à l'aise dès la première gorgée, ce qui me permet de moins avoir à réfléchir avant de parler. Enfin, c'est ce à quoi ma cervelle se convainc. Pourtant, il y a d'autres situations qui m'ont rendues plus embarrassé que celle-ci. J'aimerais tellement que Sabine se fasse une bonne opinion de moi.

Nous nous asseyons à l'opposé de la porte d'entrée de la pièce.

C’est une manière comme une autre pour ne pas être d'astreinte au moindre service qui soit. Pour ce repas, et contrairement à l’année précédente, la trésorerie de l'association ne nous permet pas de le faire au restaurant. Alors c'est une soirée « raclette » que nous partageons.

Je fais mon possible pour ne pas monopoliser la parole et essaie d'écouter mon interlocutrice. Mais c'est très délicat. Alors, je fais ce, pour lequel auparavant, j'avais certains dons. Je m'appuie sur les particularités de chacun des convives pour mettre en confiance ma voisine de table. Mais surtout, je ne bois que peu d'alcool afin de conserver mes capacités de jugement et pour utiliser mes armes préférées : l'humour et l’autodérision. Car la seule personne dont il m’est possible de me moquer, sans crainte de représailles, c'est encore de moi-même.

Si je suis attentif à des points qui n'ont plus lieu d'être, c'est pour éviter de les reproduire comme par le passé. À croire que je ne me sens pas encore maitre du présent, sans devoir faire systématiquement référence à un temps révolu.

« En pensant au temps, j'ai l'impression que ce soir, les aiguilles de la montre tournent plus vite qu'à l’accoutumée ! »

22h30.

Au moment où Sabine nous quitte, je suis tiraillé entre « agir trop vite » ou « laisser le temps faire les choses » !

Nous avons bien rigolé, mais je n'ai pas abordé le sujet au cours du repas. Si bien que j'ignore tout de son statut personnel. Mais je ne me fais guère d'illusion à ce propos. Une personne d'un tel charisme ne peut être célibataire. Alors, elle met son manteau, me salue et sort. Puis, elle prend une cigarette, l'allume et se dirige vers sa voiture. Je ne la quitte pas des yeux, en pensant malgré tout aux « happy end » des films américains au cas où elle se retournerait.

Mais avant d'entrevoir une « fin heureuse », encore faudrait-il peut-être qu'au préalable soit préfacé un canevas tangiblement interprétable ? Et pas seulement quelques idées qui se mettent en place d'elles même !

Mercredi 29 janvier 2014, devant l'ordinateur, 10h50.

Ayant précédemment récupéré l'adresse électronique de tous les bénévoles, y compris celle de Sabine, je prépare deux messages distincts : un pour l'ensemble de ceux-ci et un autre uniquement pour elle. Je les enverrai après le déjeuner.

Le premier, je l'intitule « Formidable(s) ».

Bonjour à toutes et à tous,

Formidable(s), cet adjectif même s'il revient souvent en ce moment sur les ondes de radio, il ne saurait être exclusivement réservé à un titre chanté par Stromaé. Car à l'Accompagnement Scolaire Dryat, et à ma connaissance, il n'y a encore ni chanteur connu, ni même reconnu ! (Peut-être qu'un jour cela viendra pour certains).

Mais sans de formidables personnes comme vous, et à fortiori les enfants qu'y participent, je vivoterais ! Non pas au sens pécuniaire du terme, mais à un qui demeurerait social, relationnel et intellectuel.

Alors, je n'aurai qu'un simple mot à vous dire : merci à vous d'avoir franchi le seuil de la porte de ma vie.

Amicalement et fidèlement,

François

J'intitule celui que j'envoie à Sabine « C.R.D.S. » !

Ce n'est pas un nouvel impôt que je lui propose, mais un simple Compte-Rendu De Soirée !

Tardivement, elle y répondra le soir même. Alors pour une fois la fatigue qui habituellement touche avec précocité ma cervelle, se trouve mise en concurrence avec un adversaire bien plus sérieux : le numéro de son portable !

23h51.

J'envoie un texto à Sabine. Cinq minutes après, elle y répond en demandant « qui est-ce ? » Car il est évidemment, je n'ai pas eu le courage d'y faire figurer mon prénom ou quoique ce soit d'autre. Alors je lui en envoie un deuxième mentionnant ce renseignement. Cinq minutes après, je reçois deux phrases en anglais. Cette réponse ainsi formulée est aussi lâche de sa part qu'a été de la mienne le fait de ne pas lui avoir dévoilé mon identité dès le premier message ! Car dire que j'en comprends les mots, ça serait forcément mentir ! Pourtant à cette heure-là, l'alcool des bières est déjà digéré depuis longtemps.

Jeudi 30 janvier 2014, appartement de Saint-André, 15h28.

Avant de partir à l'aide aux devoirs, je reçois un message de Sabine me disant qu'elle finit son travail vers 19h30. Elle a la possibilité de me téléphoner une fois qu'elle aura terminé. Ou alors, elle peut venir me voir. Je lui réponds qu'elle fasse comme elle l'entend. Je ne l'oblige à rien !

Mais à mon humble avis, son intuition féminine lui a déjà fait comprendre ce qui se trame au plus profond de mon ciboulot !

Mais d'emblée, j'en nie cette hypothèse.

18h45.

Je pose le téléphone portable sur la table de la cuisine et je m'assois sur la chaise. J'ai déjà les jambes qui commencent à trembler comme des feuilles d'un arbre au cours d'un mois d'octobre venteux. Alors, j'ouvre la porte du frigidaire et prends une bière.

19h25.

Le téléphone vibre. Un message est arrivé. C'est elle, qui me prévient qu'elle ne quittera pas son travail comme elle me l'a indiqué. Elle m’appellera juste avant pour me prévenir. Elle ne pense pas pouvoir sortir de son bureau avant 20h15-20h30.

20h28.

Après lui avoir laissé plusieurs messages sur son répondeur, j'arrive à la joindre. Elle me dit qu'elle se trouve à un feu tricolore proche du lieu où j'habite. Je lui indique alors de prendre la première rue sur sa gauche avant un panneau lumineux vert et rouge et je pars à pied à sa rencontre.

Quelques minutes plus tard.

Je commence à descendre en courant la rue qui fait face au portail de la résidence : c'est par celle-ci qu'elle devrait théoriquement arriver. Soudain, à mi-chemin, je vois sa voiture aller tout droit à l'intersection. J'essaie à nouveau de lui téléphoner : elle décroche et nous nous retrouvons à proximité du commerce dont l'enseigne clignote.
Je monte dans sa voiture. Immédiatement, je remarque la petite lumière qui brille sur le tableau de bord. Alors elle me demande si je ne serais pas en possession d'un ou deux litres d'essence pour la dépanner, car le voyant de la jauge est allumé depuis ce matin. Malheureusement je n’en possède pas.

Sabine stationne son véhicule dans la rue descendante par laquelle je suis arrivé en courant.

Nous remontons jusqu'à l'appartement pour y boire un café : il est approximativement 21h quand je pose les deux tasses sur la table du salon. Elle me révèle enfin la raison qui l'a poussée à venir aussi vite. Elle a compris depuis le repas à l'association ce qui m'anime. Et donc elle est venue pour clarifier cet élément qui excite mes pensées depuis que j'ai fait sa connaissance. Ainsi elle souhaite lever l’ambiguïté, pour que je ne souffre pas en interprétant ses propos comme je souhaiterais les entendre !

Je serais plutôt tenter de croire que c'est pour que je ne me fasse pas « des idées fixes », comme ma cervelle est coutumière de s'en créer d'elle-même. Sabine ne souhaite pas se rapprocher de moi autrement que par amitié, car depuis ce diner, où j'ai beaucoup parlé de moi et de ce qui m'est arrivé, elle a la sensation que je suis toujours focalisé sur ces deux éléments. Un peu comme si je ne pouvais pas me détacher de mon passé... Ou plutôt de cet ancien « moi » !

J'ai presque envie de lui dire que le mal est déjà fait, mais rien ne sort de ma bouche. Alors, elle m'avoue ce que mon ego refuse d'entendre. Et pour ma fierté de mâle « primaire », ses mots sont très durs à accepter. Je me sens terriblement frustré. Alors, je vais à l'encontre de cette sensation qui a bousculé mon existence. Je la nie en lui disant qu'une personne « monopolise » encore mon esprit. Peut-être qu'à la place de ce dernier verbe, il aurait été préférable d'employer le terme « hante ». Car ce n'est plus une personne qui y squatte ; c'est seulement le drap terni par le temps, du fantôme de celle-ci !

Suspendu par quelques secondes d'une atroce gène, l'orgueil inconscient de mâle primaire qui m'anime, a une réaction instantanée. Il refuse tout de go. Alors je lui dis que je ne souhaite pas apprendre à la connaître ! C'est paradoxal parce qu'au contraire, j'en crève d'envie !

Enfin…la conscience qui loge à côté de l'ego, en meurt d'envie !

Mais pour le « moi », c'est absurde d'avoir un tel raisonnement, car rien ne peut contrer l'individualisme de son entité !

Pourtant la première personne, à qui ce « moi » excluant les autres, ment c'est à moi-même ! Il se persuade qu'un spectre du passé monopolise encore son esprit, alors que c'est complètement faux !

Alors, dans un futur proche, ce « moi » trouvera le moyen de me faire souffrir en se flagellant lui-même !

21h30.

Je raccompagne Sabine jusqu'à sa voiture puis je reviens à l'appartement. Mais à peine ai-je le temps d'ouvrir la porte d'entrée que j'entends la sonnerie du portable. Il se trouve dans la chambre. Je m'empresse d'y accéder mais je n'arrive pas assez rapidement. Je vois que la personne qui a essayé de me joindre n'est autre que celle qui sort de la résidence. Alors, je la rappelle. Elle me dit que sa voiture ne démarre pas. Que c'est la panne sèche !

Alors, je sors la mienne et remmène Sabine jusqu'à son domicile.

Vendredi 31 janvier 2014, appartement de Saint-André, 13h23.

Je reçois un message de Sabine me disant qu'elle a réglé son problème et qu'elle me remercie. Je ne comprends pas immédiatement les raisons de tels mots ! Alors j'engage ma cervelle « à se mettre au travail » comme le disent certains politiciens. Similairement à la concrétisation de certaines de leurs actions, son ardeur se fait également attendre. Soudain, c'est l'éclair de génie qui en illumine la révélation !

15h25.

En descendant la rue pour me rendre jusqu'aux locaux de l'association, je me rends compte que la voiture de Sabine ne s'y trouve plus ; détail que je n'ai pas remarqué une seule seconde en me rendant jusqu'à la boulangerie ce matin.

18h10.

De retour à l'appartement, un constat éclair se fait lors de l'ouverture des portes du réfrigérateur et du buffet : je ne possède plus « une goutte » à boire ! Alors, je sors la voiture et pars en direction du supermarché.

19h35.

Après avoir bu quelques bières, je retrouve la faculté d'écrire sans passer par trop de remaniements de style. Alors je prépare un brouillon, écrit à la main, que je lui enverrai ultérieurement. Ce brouillon ne me sert qu'à une seule chose : garder des propos cohérents dans les courriers électroniques que j'envoie tardivement. Mais surtout, il m'est indispensable pour former des phrases intelligibles qui ne le seraient pas forcément si je les écrivais après avoir bu ! Ce courrier électronique, je le lui enverrai deux heures et demie plus tard, juste avant d'aller au lit. Au cours de la nuit, Sabine va y répondre en me réaffirmant la nature de sa position. Mais pour le coup, elle devra faire face à une complexe résistance : ma rigidité cognitive est au summum de son inflexibilité.

Samedi 01 février 2014, appartement de Saint-André, 5h30.

Ça recommence !

C'est la troisième fois que je me réveille cette nuit. Et c'est la troisième que je suis convaincu d'avoir rêvé. C'est également la troisième fois que mon corps réagit en me faisant l'annonce d'un branle-bas de combat général. Le garde-à-vous est de rigueur !

Mais, c'est surtout l'authentique première fois que je ressens enfin la vie se répandre à nouveau en moi


© Autopsie d'une ombre | 2016 | Tous droits réservés | François Ménard 


 

 

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